L’isolement du canton des Grisons au cœur des Alpes suisses explique son architecture traditionnelle faite de matériaux locaux tels que le bois et la pierre. Les traditions constructives de l’époque où les habitants vivaient principalement de l’élevage et de l’agriculture sont encore aujourd’hui utilisées et réinterprétées par les architectes pour faire face aux climats extrêmes de la région.
Lors de nos précédents voyages dans cette partie de la Suisse, on a été fascinés par le respect de l’architecture contemporaine face à ces traditions. Comme on l’a décrit dans nos articles chaque vallée recèle sa propre identité architecturale.
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Mais la transformation d’un de ces villages en station de ski a fait la part belle aux traditions. St Moritz peut se vanter d’être l’une des premières stations de ski au monde, son développement frénétique dans les années 1920 a fait apparaitre d’immenses hôtels de luxe essayant maladroitement de reprendre les codes architecturaux d’antan.
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A l’écart du faste des hôtels et boutiques de St Moritz, une petite construction fait exception dans le paysage. Sa morphologie, son architecture moderniste et sa couleur brique nous interpellent. On se demande à quoi peut bien servir aujourd’hui ce long parallélépipède rectangle et sa petite tour carrée dans la vallée de l’Engadine.
Son inscription “Stadion St-Moritz” brouille encore plus les pistes, on a du mal à imaginer qu’un tel édifice puisse être un stade… Mais un stade de quoi ?
Fort de sa renommée croissante de station de sports d’hiver, Saint-Moritz accueille en 1928 la deuxième édition des Jeux Olympique d’hiver de l’histoire. A cette époque seulement 14 épreuves étaient disputées (contre 109 lors des prochains JO de Pékin en 2022). Notre bâtiment rouge était alors l’édifice majeure de ces jeux et devant lui était installée ne grande patinoire accueillant différentes disciplines. Imaginé comme une infrastructure, il concentrait de multiples fonctions nécessaires au bon déroulement des jeux.
La partie basse et allongée du bâtiment abritait les vestiaires pour les sportifs, de plain-pied sur la patinoire, mais aussi la restauration pour les VIP. Ces derniers étaient installés juste au-dessus, sur toute la longueur de la toiture. Une structure légère, mise en place le temps des jeux, y servait de gradins pour ce public ptvilégié. Ils avaient alors une vue légèrement en hauteur tandis que les autres spectateurs se tenaient au niveau du terrain.
Deux éléments majeurs de la composition ponctuent ce long volume. D’un côté, un escalier monumental permet d’accéder aux gradins directement depuis l’extérieur. La toiture devient ainsi la continuité du sol. A l’opposé, une tour carrée de 4 niveaux termine nettement l’ensemble. Chaque étage de celle-ci abritait successivement un orchestre, les juges et les commentateurs.
La forme du stade est uniquement le reflet de sa fonction.
On comprend alors que la forme du stade est uniquement le reflet de sa fonction. Ceci souligne le caractère résolument moderniste de la construction qui n’avait pas pour ambition de devenir un bâtiment emblématique. Pour cet événement de renommée internationale, l’architecte local Valentin Koch-Robbi a très certainement voulu donner au bâtiment un caractère avant–gardiste en vogue à cette époque. Le choix d’une architecture allant à l’essentiel lui a par la même occasion permis de répondre à l’urgence d’une telle commande. La construction se distinguait du reste de St Moritz par sa composition rationnelle mais aussi par sa couleur rouge ocre qui devait très certainement la faire ressortir à la neige tombée.
Le stade répondait tellement bien aux exigences des jeux olympiques qu’il a été réutilisé sans modification apparente pour des seconds jeux d’hivers en 1948. Mais sa fonction tellement spécifique à un événement est aussi la plus probable cause de son abandon par après.
Dans les années 2000 c’est à l’état de ruine que Rolf Sachs, un artiste originaire de la région, décide d’acquérir le stade pour le transformer en habitation privée.
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