Txapeldun ; qui, comment, pourquoi ? On vous dit tout !
Nous l’avons déjà brièvement présenté dans nos articles au sujet de notre road trip en Argentine, mais nous voulons ici vous parler plus largement de son histoire.
Comme il est souvent coutume lorsque l’on part à l’aventure avec un véhicule, on aime le baptiser d’un petit nom…
Txapeldun est donc le nom que nous avions donné à notre van. Un Volkswagen T2 de 1982 avec lequel nous avons exploré l’Argentine durant 3 mois.
“Txapeldun” c’est avant tout la traduction du mot “champion” en basque, une langue chère à Agathe originaire de cette région.
Découvre nos itinéraires à bord de Txapeldun :
Sur la Route 40 à la découverte de la Cordière des Andes
Un van pour un voyage en toute liberté !
Vraiment ?
Lorsque nous nous installons en Argentine pour une année d’étude, nous savons qu’au milieu de notre année d’échange universitaire, nous aurons trois mois de vacances.
Nous cherchons donc le meilleur moyen de mettre à profit ce moment pour découvrir le pays, et très rapidement le road trip en van s’avère être la meilleure option.
Il permet notamment :
D‘être autonomes : ne pas dépendre des horaires de bus, d’avions, ni de l’offre de logement très faible dans certaines régions.
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D’être économes : voyager en van vous fait épargner le prix des logements, des restaurants et des transports qui sont tous les trois très chers en Argentine.
D’être atypiques ! Voyager avec un véhicule aussi mythique que le VW T2 est une réelle expérience… De plus, sa petite « bouille » intrigue les locaux et facilite les rencontres.
Mais il a aussi des contraintes :
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Lorsque nous voulons “abandonner” le van pour quelques jours et changer de moyen de transport nous avons souvent du mal à trouver un endroit de confiance où le stationner. On a tout de même chaque fois réussi à dénicher un camping avec un gérant sympa, qui contre un léger montant acceptait de “garder” Txapeldun sur son terrain. Nous essayons alors de négocier un emplacement très proche de l’accueil afin que le gérant ait toujours un œil dessus.
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A certains moments nous avons peu d’intimité entre nous et les locaux sont souvent curieux et même un peu trop avenants…
Pourquoi choisir un véhicule aussi vieux ?
Sûrement pas pour sa vitesse !
Pour nous, le véhicule devait répondre à trois critères, mis à part rouler correctement :
pouvoir dormir dedans.
être facilement aménageable pour y mettre nos affaires (des vêtements, de l’électronique, des livres et de quoi cuisiner).
coûter moins de 5.000€
Avec ces critères, nous faisons rapidement le tri dans les annonces en ligne.
Nous pouvons acquérir d’occasion : une Renault Kangoo, des vieux breaks avec énormément de kilomètres au compteur et quelques camionnettes avec la contrainte de n’avoir que 3 places ; trop peu si jamais des amis font un bout de chemin avec nous.
Pour tous ces types de véhicules, nous devons prévoir un budget en plus pour l’aménagement, et les camping-cars étant hors de prix, nous remettons en question notre plan de voyage…
En poursuivant nos recherches, nous tombons amoureux d’un VW T2 de 1982. L’idée folle de traverser l’Argentine dans un véhicule plus vieux que nous, nous excite.
Nous partons illico le voir à La Plate (petite ville à 1h30 de bus de Buenos Aires). La première conduite restera un moment gravé dans nos têtes, nous sommes comme des enfants.
Selon Mathieu, nous nous emballons trop vite… Il faut garder les pieds sur terre : ne pas acheter sur un coup de tête mais surtout prendre le temps de négocier…
L’idée folle de traverser l’Argentine dans un véhicule plus vieux que nous, nous excite.
Nous commençons alors une étude de marché et faisons quelques autres visites de vans peu fructueuses. Nous retournons finalement vers notre 1er coup de cœur. Son état, son look, son prix et son aménagement nous confirment que c’est le bon choix.
Un mois plus tard, le van est garé devant notre appartement et nous imaginons les améliorations nécessaires à notre voyage.
Nous étions arrivés à Buenos Aires avec seulement deux valises pour une année d’échange universitaire. Nous n’avions pas prévu d’aménager un van et donc pas le moindre outil avec nous…
Investir dans des machines de bricolage n’avait pas de sens, car nous voulions équiper le van pour n’y vivre que quelque mois. C’est donc avec un tournevis et une scie à bois que nous améliorons l’agencement existant. C’est parfois laborieux et souvent sportif, mais avec un peu d’ingéniosité et de l’huile de coude tout est possible !
L’ancien propriétaire du véhicule avait combiné un système très sommaire de table et de banquettes rabattables pour le couchage. Par manque de temps et de moyens nous gardons cet aménagement, mais remplaçons le matelas en fine mousse pliable par un matelas gonflable. Cela nous permet de le ranger facilement sans trop nous encombrer et ainsi pouvoir voyager avec d’autres personnes à bord.
Par chance, un immeuble est en rénovation dans notre rue et nous pouvons récupérer beaucoup de chutes de planches MDF. Avec celles-ci nous confectionnons des rangements presque sur mesure. Nous faisons découper les parties complexes dans un atelier, et nous les assemblons nous –mêmes avec de la colle et des vices. Nous réalisons également des étagères pour nos vêtements avec des anciennes cagettes de légumes récupérées dans la rue. Enfin, pour donner une touche fun, on peint le tout en jaune.
Concernant l’aménagement extérieur, Txapeldun a déjà ce qu’on baptise un “part lama” à l’avant. Il permet d’accrocher une roue de secours et de protéger la carrosserie. Nous sommes tout de même en manque d’espace de stockage… Nous investissons dans une galerie de toit faite sur mesure dans un petit atelier de métallurgie à Buenos Aires. Elle permet d’installer deux caisses métalliques pour quelques outils et pièces de rechange, un réservoir d’eau pour la douche et un réservoir d’essence.
Pour la douche, rien de plus simple (et économique) : un tuyau avec un pommeau de doucheen plastique qu’on relie à un bidon noir avec un système de robinet. Bien évidemment nous n’avons pas de pression, mais le bidon étant sur le toit, c’est juste assez. Comme il est noir, pour les douches en fin de journée l’eau est tiède, c’est très agréable !
Notre indispensable pour cette douche extérieure est un caillebotis en bois qui permet de nous doucher sur n’importe quel type de sol tout en gardant les pieds propres. La douche en extérieur, c’est une expérience, mais un vrai bonheur !
Pour la cuisine : nous achetons un réchaud à gaz (avec l’inconvénient de ne pas avoir de protection contre le vent ce qui ralentit énormément la cuisson) et une glacière que nous refroidissons avec des glaçons.
Cet aménagement est un peu sommaire, mais et il a l’avantage d’être économique et il nous convient parfaitement pour un road trip de 3 mois.
Il faut garder à l’esprit qu’en Argentine il est facile de trouver un camping avec des sanitaires et un accès à l’électricité. Nous n’avons pas de batterie auxiliaire dans le van, mais on trouve tous les 3-4 jours un lieu pour recharger téléphone, appareil-photo, batterie portable et baffles
En conclusion, il n’est ni difficile ni coûteux de réaliser un équipement pour partir quelques mois. Il est évident que notre installation ne convient pas pour une traversée des Amériques ou un tour du monde. Il faut tester un aménagement provisoire quelques semaines pour se rendre compte de ce dont on a réellement besoin. Par exemple, ne pas avoir de toilettes ne nous a jamais perturbés !
Les frais inhérents à l'utilisation du T2
Qui dit vielle voiture dit consommation importante d’essence, et les T2 ne font pas exception à la règle.
L’ancien propriétaire avait installé un réservoir GNC pour rouler au gaz ce qui est beaucoup plus économique. C’est une pratique courante et assez bien contrôlée en Argentine. D’ailleurs, tous les taxis en sont équipés.
Au début, nous roulions très fréquemment au gaz, jusqu’au jour où un garagiste spécialisé dans les VW T2 nous expliqua que le gaz assèche le moteur, ce qui n’est pas bon à la longue…
Suivant ses conseils nous passons exclusivement à l’essence lorsque nous entamons notre long périple. Nous avons une consommation moyenne de 10L/100km.
Selon les régions d’Argentine, le prix de l’essence peut passer du simple au double. Ajouter à cela la fluctuation constante du cours du pesos argentin face au dollar, il est difficile de donner un prix moyen de nos dépenses.
Le deuxième poste de dépenses très important est l’huile. Qui dit vieux moteur, dit un grand besoin de graisse.
Erreur de débutants : nous ne l’avions pas remarqué lors de l’achat, mais le réservoir d’huile n’est plus complètement étanche.
Lorsque nous roulons longtemps, le moteur chauffe et rend l’huile très liquide. Elle s’échappe donc plus facilement du réservoir par un orifice que nous ne pouvons localiser. Changer le réservoir, sans être certains qu’il est le responsable de la fuite, coûte trop cher. Il faut donc vérifier le niveau du réservoir d’huile avant de prendre la route et toujours s’assurer d’avoir un stock d’huile avec nous. Heureusement, nous n’avons jamais trop de mal à en acheter. Il y a heureusement quelques points positifs ; comme on renouvelle l’huile régulièrement, le moteur chauffe beaucoup moins vite et nous permet de faire de plus longues distances sans pause. De plus, nous avons moins besoin de faire de vidanges.
Un vieux véhicule avec beaucoup de mécanique et peu d’électronique offre des facilités de réparation et d’entretien.
La mécanique étant relativement simple pour les garagistes, nous sommes chaque fois surpris de la rapidité avec à laquelle ils réparent nos petits soucis. Quelques fois, les garagistes ne nous demandent même pas de payer, car il suffit de mettre un bout de scotch ou de resserrer une vis ! (On laisse bien sûr une petite colaboración pour les remercier). Nous sommes toujours étonnés de trouver si facilement un garagiste même au milieu de nulle part. Il est parfois plus facile de dénicher un mécanicien qu’un supermarché…
De plus, malgré l’âge du véhicule, les pièces sont très faciles à trouver et souvent bon marché.
Nos péripéties à bord de Txapeldun
Voyager avec un vieux véhicule n’est pas de tout repos, nous avons eu de nombreux incidents, on en rigole aujourd’hui, mais ce ne fut pas toujours le cas…
L'essence : la grande inconnue
On le sait dès le départ, on va avoir pas mal de mésaventures avec Txapeldun et nous y sommes préparés. Nous ne nous imaginons vraiment pas que ça arrive dès les premiers kilomètres !
Et pourtant si. Txapeldun fait des siennes à la station essence alors que nous n’avons pas encore quitté Buenos Aires.
Nous sommes tranquillement en train de faire le plein, quand tout à coup le pompiste nous informe qu’il y a une grosse fuite. Une énorme flaque de carburant s’étale en dessous de Txapeldun. C’est la première fois que cela arrive. Impossible de le démarrer de peur de créer une étincelle. On ne peut pas le déplacer et le pompiste doit condamner l’accès à une partie de la station essence.
L’enthousiasme du grand départ disparaît d’un seul coup. Peut-on vraiment partir aujourd’hui ?
Après plus d’une demi-heure, l’essence cesse enfin de couler. Nous démarrons Txapeldun non sans une certaine appréhension, tout semble normale. Nous voulons absolument prendre la route, mais la crainte d’une panne nous fait hésiter. Nous roulons donc quelques km dans la ville avant de prendre la voie rapide pour s’assurer que tout va bien. Rien à signaler ! Ouf ! c’est un énorme soulagement.