Trajet mythique de l’Amérique latine, la ruta cuarenta traverse du Nord au Sud l’Argentine. C’est en longeant la plus longue chaîne de montagnes du monde, la Cordillera de los Andes, que nous allons découvrir sur plus de 5 000 km, une multitude de paysages à couper le souffle.  

Sillonner cette route à bord de TXAPELDUN, notre VW T2 de 1986, a été pour nous, une traversée de l’Argentine inoubliable. Nous avons découvert quelques-uns des plus beaux sites du pays, mais aussi la richesse et la diversité de ses paysages hors normes. C’est chaque fois avec émerveillement que nous sommes passés sans transition des glaciers, aux plaines désertiques, des grands lacs aux harmonieux champs de vignes, des hauts sommets enneigés aux montagnes multicolores. 

La route 40 regorge de pépites qui n’ont jamais cessé de nous surprendre.   

 

Nous vous dévoilons, au travers de quelques articles, notre road trip sur la route 40. Découvrez les arrêts incontournables, les routes les plus spectaculaires, mais aussi les coins peu connus et nos petites astuces pour vous aider à planifier votre itinéraire!

 

Tout savoir sur l’histoire de Txapeldun notre Volkswagen T2 ici   

C’est depuis la petite ville de El Calafate, au sud de la Patagonie que démarre notre itinéraire. Cette ville n’a pas vraiment de charme, mais constitue avant tout l’unique porte d’entrée vers les glaciers et le fameux Perito Moreno.  

1ère étape :

Le majestueux Perito Moreno

Le long de la route qui relie El Calafate au Perito Moreno, on découvre des paysages déserts, balayés par le vent. Seule une longue route de bitume se dessine à perte de vue, entre lacs et montagnes. L’horizon semble vierge et inhospitalier à toute civilisation. Cependant, quelques âmes sont visibles. Çà et là, des lamas sauvages et craintifs fuient au bruit de notre véhicule. Les chanceux feront peut-être, comme nous, la rencontre d’un renard lors d’une pause photo. Soyez attentifs, ils sont difficiles à deviner de loin, tant leur pelage beige se confond avec la couleur de la terre.   

Après plusieurs kilomètres sur cette magnifique route, au détour d’un long virage, on découvre brutalement un immense champ de glace. Figée dans l’horizon, cette coulée d’un bleu glacial nous subjugue. La route n’est pas finie. Il faut encore parcourir quelques kilomètres, avec ce glacier en toile de fond, pour pouvoir se garer et s’en rapprocher un peu plus à pied.   

 

L’air froid et sec gèle notre visage. Le vent siffle dans nos oreilles. Une atmosphère s’installe…   

On aperçoit avec émerveillement une falaise d’une couleur céleste sculptée par le vent, plongeant brutalement dans une eau calme, opaque que seules les chutes de glace viennent perturber.  Cette curiosité de la nature est un véritable spectacle multisensoriel. Nos yeux sont aveuglés par les reflets bleu vif du soleil sur la glace tandis que nos oreilles sont surprises par le bruit sourd d’un immense bloc qui craque en se détachant de la masse avant de s’effondrer dans l’eau. Face au « Campo de Hielo » (champ de glace), on réalise peu à peu où nous sommes : à l’autre bout du monde.  

À 1h30 de route, El Calafate est le seul point de chute pour découvrir le glacier. L’offre de logement étant très limitée nous vous conseillons de réserver bien à l’avance. Vous pourrez également y louer un véhicule. 
De nombreuses excursions au départ de El Calafate proposent de découvrir le Perito Moreno. Les gros budgets pourront faire le choix de le fouler lors d’une sortie en crampons de quelques km. Une autre option, moins coûteuse, permet de s’en rapprocher en bateau. Nous vous conseillons de vous y rendre seuls avec votre propre véhicule. Il est rare de pouvoir accéder aussi facilement à un glacier. Vous devrez alors uniquement payer l’entrée de la réserve. Sur le site, un circuit de promenade est aménagé permettant de voir le glacier dans son ensemble et d’en apprécier l’immensité.   
Les chutes de blocs sont plus fréquentes dans l’après-midi, lorsque le glacier a eu le temps de se réchauffer.   

2e étape :

La Mecque des randonneurs à El Chalten

El Chalten ravira tant les randonneurs chevronnés que les familles à la recherche de beaux panoramas accessibles. En effet, de nombreux itinéraires s’offrent à vous. De quelques kilomètres à plusieurs jours, vous partirez à la découverte du majestueux Fitz Roy et des autres aiguilles qui constituent la chaîne du Cerro Torre.   

Nous passons trois jours dans le petit village de El Chalten, ce qui nous permet d’arpenter trois sentiers différents au cours desquels nous apprécions des sites très divers.

 

Au fil des randonnées, la chaîne de montagnes Fitz Roy révèle ses différentes facettes. En dent-de-scie, elle n’a de cesse de nous surprendre. Les panoramas sont constamment en mouvement, changeant au grès de la météo instable et au rythme des nuages heurtant la cime des montagnes.   

Ici la grande star, c’est le Fitz Roy. Cependant, ce n’est pas le seul attrait des randonnées. Nous sommes aussi éblouis par la diversité des paysages rencontrés lors de nos ascensions. 

S’offrent à nous des glaciers, comme prisonniers dans les montagnes, des lacs aux eaux ténébreuses d’où jaillissent des roches de glace, et des forêts millénaires figées dans le temps. 

Cette atmosphère presque mystique est exacerbée par la météo capricieuse qui rend chaque randonnée unique.   

C’est depuis le petit village de El Chalten que partent la majorité des randonnées. Unique point de chute dans la région, nous conseillons de réserver votre logement à l’avance.   
Des bus au départ de El Calafate permettent de rejoindre El Chalten en un peu moins de 3h.   
Vous croiserez sûrement des randonneurs suréquipés, mais ne soyez pas intimidés ! Des randonnées, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux : de quelques kilomètres à plusieurs jours (on peut même faire un crochet par le Chili) elles sont très bien balisées. On vous conseille de prendre le temps de vous renseigner auprès du petit kiosque à la station de bus pour trouver les sentiers qui correspondent le mieux à vos attentes. Ne vous laissez pas surprendre par la météo changeante qui peut rendre difficile certains chemins…  
Attention, si vous n’êtes pas un adepte de la marche, outre les mignonnes petites maisons de couleurs, le village et ses alentours n’offrent pas d’autres alternatives.  
En ce qui nous concerne, n’étant pas des randonneurs aguerris. Nous n’avions d’ailleurs qu’une bonne paire de baskets et trois jours sur place nous ont semblé nécessaires pour avoir un bon aperçu des environs.   

3e étape :

Petite escale au Lago Puelo

Quoi de mieux, après la longue traversée du sud austral désertique, qu’une petite halte au Parque National du Lago Puelo pour avoir un avant-goût des paysages que nous sillonnerons ces prochains kilomètres.  

On y découvre un lac bleu turquoise bordé d’une forêt luxuriante. Il ne faut pas se méprendre. Malgré que nous ayons laissé derrière nous les rafales de vent glacial, la température reste très fraîche limitant l’intérêt de la baignade… Le relief montagneux du parc nous donne l’occasion de faire une balade durant laquelle l’on découvre la richesse de la flore argentine. On décide de prendre de la hauteur pour contempler le paysage dans son ensemble. Comme souvent, on n’est pas déçus ! la vue est époustouflante. On apprécie encore mieux les différentes teintes du lac alimenté par les eaux tout droit venues des glaciers.   

C’est ici que l’on quitte la Patagonie australe, les paysages lunaires laissent alors place aux grands lacs ceinturés de montagnes à la végétation abondante. On découvre peu à peu un nouveau visage de la route 40, communément appelé “la Suisse argentine”.  

Avant d’arriver à El Bolson, à 18km au Sud, le Parque National du Lago Puelo est parfait pour les campeurs à la recherche d’un coin tranquille pour passer la nuit.   

4e étape :

Se ressourcer le temps d’une nuit à El Bolson

El Bolson ne constitue pas un arrêt indispensable, néanmoins, idéalement situé sur la route en direction de Bariloche, ce bourg pittoresque se prête parfaitement à une halte pour recharger les batteries. Il fait très bon vivre dans ce hameau, anciennement repère de hippies, El Bolson a gardé un coté accueillant et bohème.  

 

Nous posons nos valises à La Casona de Odile le temps d’une nuit. Véritable coup de cœur, cet hébergement au milieu d’un vaste jardin a tout d’un repère hippie/bohème. On y passe une agréable soirée autour de la cheminée centrale, à discuter avec d’autres voyageurs. Le délicieux repas préparé avec les produits du jardin termina de nous combler.  

Cette halte ravira les amoureux de la nature qui pourront profiter d’une balade le long des cours d’eau, ou bien partir à la découverte de la région à cheval, et pourquoi pas suivre un petit cours de yoga dans le jardin… 

 
Site de l’auberge ici

5e étape :

La route des 7 lacs

La petite ville touristique de San Carlos de Bariloche a des airs de station de ski. On s’y arrête le temps d’une après-midi durant laquelle nous avons plaisir à flâner dans ses ruelles commerçantes.   

C’est ici que la route 40 se transforme en fameuse route des 7 lacs, jusqu’à San Martin de los Andes.   

Le surnom de petite Suisse argentine donné à cette région prend ici tout son sens. On y découvre des grandes forêts de pins, des cimes enneigées et de nombreux lacs entrelacés au pied des montagnes.

Le long de la route des 7 lacs se succèdent des pittoresques villages de chalets et de magnifiques points de vue.   

Comme nous aimons souvent le faire, nous sortons des sentiers battus pour emprunter une route de terre qui n’est pas répertoriée dans le circuit conventionnel. Nous remarquons que depuis la route des 7 lacs, la route 65 nous mène sur quelques kilomètres au lac Traful. Une jolie découverte authentique, à l’écart du tumulte touristique.

 

On profite de ce magnifique cadre pour bivouaquer au bord d’un lac. La nuit venue, le froid et l’humidité prennent le dessus sur la beauté des lieux. On y a passé notre pire nuit du voyage. Txapeldun n’étant pas isolé, nous n’avons jamais pu nous réchauffer malgré les couches de vêtements enfilés. Nous sommes bel et bien à la montagne !   

Si vous n’êtes pas motorisés, on vous conseille de louer un véhicule pour constituer votre propre parcours. L’itinéraire est très bien aménagé pour que l’on puisse s’arrêter facilement le temps d’une photo. À chaque arrêt, un panneau explicatif vous renseigne sur le nom des monts et lacs visibles, et des prochains stops le long de la route des 7 lacs.    

Refoulés à la frontière argentine...

C’est ici que nous avons prévu de quitter la route 40 pour traverser la Cordillère des Andes et partir à la découverte du Chili. Rien ne se passe comme prévu !

Après une nuit glaciale et un réveil aux aurores, la douane n’autorise pas que Txapeldun (notre van immatriculé en Argentine) quitte le pays. En effet, comme nous sommes étrangers et propriétaires d’un véhicule argentin, les autorités argentines n’acceptent pas la sortie du van, de peur que nous le revendions hors du pays. On vous en dit plus dans notre article dédié à la petite histoire de Txapeldun ici.   

Après de nombreuses heures de négociation, on comprend que nous ne pourrons jamais quitter le pays en van. C’est pour nous la douche froide. Tout notre itinéraire doit être remis en question.   

Avec une pointe d’amertume, on décide de poursuivre notre trip sur la route 40. Très rapidement, la gentillesse des Argentins et la beauté des paysages dissipent nos regrets.

6e étape : de San Carlos de Bariloche à Mendoza

Obligés de quitter la route 40

Suite au refus de passage de la frontière chilienne, on se dirige vers la région viticole de Mendoza. Mais la route est encore longue. C’est avec un peu d’appréhension que nous entamons les quelques 1150km qui nous séparent de Mendoza.   

De nombreux voyageurs, effectuant le même trajet en sens inverse, nous ont chaque fois avertis du très mauvais état de la route entre Zapala et San Rafael. Ce sont presque 800km sur lesquels la route est très difficilement praticable : les quelques portions asphaltées sont criblées de nids de poule, le reste étant de la terre… Ajouté à cela qu’il n’y a presque aucun village et que notre T2 a tendance à crever à la moindre secousse, une bifurcation s’imposait.   

À partir de Zapala nous décidons de quitter la route 40 pour rejoindre Neuquen et prendre la direction de San Rafael par la route 151.   

Commencent alors 3 jours de périple sur une route désertique balayée par les vents patagoniens où les points d’intérêt sont inexistants. Elle semble déjà loin la Suisse argentine. Au fil des km la température devient de plus en plus écrasante et les sommets enneigés font place à des plaines arides à perte de vue.  

À nouveau, nous sommes stupéfaits par les changements radicaux des paysages qui s’opère en seulement quelques km.   

Même si nous ne regrettons pas d’avoir lâché la route 40 quelques jours pour la route 151, le trajet ne fut pas de tout repos. La portion de Puelen à Santa Isabel est très compliquée. La quantité de nids de poule est telle que nous devons rouler sur le bas-côté de la route à de très nombreuses reprises. Sportive et pas rapide comme conduite!   

Pour les plus téméraires qui ne veulent pas lâcher la route 40, on vous conseille de prévoir nourriture, eau et essence pour être indépendants et parés aux imprévus de ces 800 km sans couverture de réseau. 

7e étape :

Le lac artificiel Los Reyunos, un petit coin de paradis méconnu

Absent de tous les guides de voyages, le lac Los Reyunos est pour nous une agréable découverte qu’on veut partager avec vous.   

À notre arrivée à San Rafael nous sommes épuisés par le voyage. On ne pense alors qu’à trouver un joli spot où se poser 2-3 jours. En discutant avec des locaux, ils nous parlent d’un camping perché sur une falaise, surplombant un joli lac. Avec la chaleur présente, l’idée d’y piquer une tête nous enchante. On file alors en direction du Camping du Club Hidyn

 

Il faut dire que les locaux ont toujours envie de vous rencarder sur les plus jolis coins de leur région. Mais souvent, le site n’est pas à la hauteur de leur enthousiasme… Leur infinie gentillesse vous convainc facilement qu’un lieu “maravillosso” vaut le détour alors qu’il est difficile d’accès, ou bien pas si impressionnant. Les Argentins ont une petite tendance à l’exagération et ce qu’ils appellent “magnifique cascade dans la montagne” risque bien d’être un filet d’eau au milieu de nulle part… Nous nous sommes fait surprendre plus d’une fois. Alors à présent, on réfléchit un peu avant de faire de grands détours pour aller voir une “maravilla”. Le plus sûr est de demander à d’autres locaux de confirmer l’existence d’un tel lieu avant de se lancer dans une entreprise parfois périlleuse et décevante.

 

Cette fois-ci, le détour vaut bel et bien la peine ! On le recommande à tous les roadtrippeurs d’Argentine à la recherche d’un lieu paisible après ou avant d’entamer la longue traversée de la Patagonie.

On profite de ce camping tout confort pour prendre notre temps. Au programme : location de kayaks pour explorer le lac et piqueniquer sur la rive opposée. Mais avant ça, il faut être persévérant pour réussir à trouver le propriétaire des kayaks. On le cherche partout pendant une bonne heure… L’attente en vaut la peine !

Il n’y a que nous et le paysage est fabuleux. On découvre une multitude de petites criques et cette eau transparente nous invite à de nombreuses baignades. 

Pour bien finir la journée, on passe la soirée autour d’un copieux asado en contemplant le coucher du soleil avec ce merveilleux lac en toile de fond.

On vous recommande vivement cette petite pause en marge de la route 40 pour vous ressourcer avant de reprendre le voyage en direction des vignobles de Mendoza. 

8e étape :

La traversée des Vignobles de Mendoza

Après ce long détour, on se retrouve une nouvelle fois sur le terrain de jeux des aventuriers du monde entier, la route 40. Sur le trajet, la végétation se fait de plus en plus présente. Le paysage se dessine comme un tableau avec en premier plan les vignes et en fond celui que l’on surnomme “le colosse de l’Amérique”, lAconcagua   

Cinquième producteur de vin au monde l’Argentine abrite un terroir très riche. 90% de ses vins proviennent des nombreuses bodegas concentrées dans la région de Mendoza. Perchés en altitude (entre 800 et 1600m) dans un climat désertique, les vignobles argentins jouissent d’une situation unique leur permettant de produire un raisin de qualité. Faites comme nous et arrêtez-vous dans l’une des nombreuses bodegas. Les vignerons prendront plaisir à vous faire découvrir leurs cépages.

Le roi ici c’est le Malbec, mais on s’arrête par pur hasard dans une petite coopérative de champagne. La visite est très didactique, novices dans le domaine on en apprend beaucoup et plus spécifiquement sur le bouchon du champagne… Nous sortons séduits avec, évidemment, une bouteille sous le bras!  

Le vin n’est pas le seul attrait de Mendoza et de ses alentours. C’est avec stupeur que l’on découvre cette région. Tous les paysages y sont réunis. La steppe désertique se mélange désormais aux champs de vignes offrant des étendues vertes à perte de vue. Mais le plus impressionnant reste la présence de la Cordillère des Andes et ses neiges éternelles.

On parcourt une partie du chemin en fin d’après-midi et d’un coup la route 40 devient féérique. Le coucher de soleil se transforme en spectacle. La Cordillère se trouvant à l’ouest devient l’instigatrice de ce merveilleux moment. On se sent alors chanceux et privilégiés de pouvoir assister à cette scène unique à bord de Txapeldun 

 

D’un coup la route 40 devient féerique   

On ne se risque pas dans l’aventure folle de gravir l’Aconcagua, mais il n’est pas rare de rencontrer à Mendoza des randonneurs aguerris qui ont vécu l’expérience, car c’est ici le point de départ des expéditions.  

9e étape :

Le Parc National Talampaya

Avant d’arriver à San José de Jachal la route 40 s’arrête pour reprendre 40 km plus loin.

Deux options s’offrent alors à nous : s’engager sur la fameuse route 150 qui traverse d’est en ouest l’Argentine pour quelques km ou bien traverser San José de Jachal et emprunter la route 49.

On choisit la deuxième option et on n’est pas déçus. Traversant la montagne, la route 49 zigzague à flanc de falaise en nous offrant des points de vue sensationnels sur toute la vallée que l’on domine en permanence.   

On rejoint finalement le Parc Talampaya par la Vallée de la Lune qui abrite également le Parc provincial Ischigualasto dont le paysage est stupéfiant.   

Le plus remarquable des deux reste le Parc Talampaya. Dû à son isolement, il n’a été découvert que très récemment (en 1970) au sud de la province de Rioja. Dans cet environnement hostile, à la chaleur étouffante, il est difficile d’imaginer la présence d’un tel phénomène naturel. Il faut dire que le parc est imperceptible depuis la route. Il nous faut rejoindre l’accueil du site et partir en groupes pour enfin percevoir cette merveille. On est tout de suite saisis par de colossaux blocs de terre rouge vif qui surgissent de la plaine. On découvre de monumentales sculptures naturelles taillées par l’érosion de l’eau et du vent.

On se sent tout petits et on perd toute notion d’échelle dans cette immensité qui nous dépasse. Voici un patrimoine mondial de l’humanité à quelques kilomètres de la route 40 qu’il ne faut surtout pas  louper.   

La visite dure 3 bonnes heures. Le site étant protégé il faudra laisser votre véhicule à l’entrée et choisir une des 4 excursions proposées pour pouvoir le parcourir. On est un peu déçus par l’organisation qui a des allures de “parc d’attractions” mais il y a relativement peu de monde et la majesté du site nous fait oublier les à-côtés. Vous retrouvez tous les détails des excursions et les prix sur le site internet du parc : https://talampaya.com.   

 

On perd toute notion d’échelle dans cette immensité qui nous dépasse.

10e étape :

Des champs de cactus aux ruines de Quilmes

Depuis le parc de Talampaya, nous continuons la route 40 vers le Nord et on découvre encore un nouveau type de paysage.

Cette fois, ce sont d’immenses cactus, et une terre ocre qui bordent l’asphalte de part et d’autre. Ici, les sommets blancs des montagnes ont laissé place aux canyons rougeâtres. C’est une succession de montagnes rouges, grises, puis vertes qui nous accompagnent et que nous ne quitterons plus jusqu’au bout de notre traversée, à la frontière bolivienne.   

Dans cet environnement désertique aux températures extrêmes, il n’y a que de majestueux cactus qui semblent résister. Droits comme des i, ces xérophytes (plantes qui stockent dans leurs tissus des réserves de suc pour faire face aux sécheresses), forcent le respect. La route est une nouvelle fois magnifique. Ce ne sont plus d’interminables lignes droites que nous empruntons, mais des routes tortueuses qui sillonnent les montagnes.  

On traverse de petits villages isolés dans ces montagnes, où nous avons d’ailleurs du mal à retirer de l’argent pour manger… On commence à rencontrer de vraies populations rurales et autochtones. Leurs traits de visage les rapprochent de leurs ancêtres incas. Il faut dire que jusqu’à présent, les Argentins que nous croisions étaient issus d’une immigration européenne débutée lors de la découverte des Amériques et favorisée en 1853 avec la constitution de l’Argentine. 

Le premier patrimoine laissé par les Incas que nous découvrons est la cité sacrée des Quilmes. À la sortie de la région de la Rioja, c’est aujourd’hui un site archéologique qui vaut le détour.

Une piste de 4,5 km la relie directement à la route 40. Mais avec Txapeldun, cette route, en ligne droite, qui semble être sans difficulté, est peu praticable suite aux fortes pluies de la nuit précédente. Après le deuxième plan d’eau que nous traversons, nous décidons de garer notre compagnon de route sur le côté, et de continuer en stop jusqu’au site. Sans trop de problèmes, la première voiture qui passe nous prend, car la route ne mène qu’aux ruines.       

Là aussi on retrouve de grands cactus, tellement beaux qu’ils volent presque la vedette aux ruines datant du XIe siècle. C’est en prenant un peu de hauteur dans la partie nord du site que l’on voit l’ampleur des vestiges des habitations carrées qui constituaient autrefois la cité sur une trentaine d’hectares.   

En 1667, les Quilmes sont une première fois expropriés de leur territoire par les conquistadors espagnols. Après avoir retrouvé leur terre, ils sont une seconde fois expulsés durant la dictature des années 1977, cette fois si par le gouvernement argentin, dans l’optique de restauré le site. Aucun travail n’est cependant effectué, et la concession est octroyée à un homme d’affaires pour un loyer dérisoire qu’il ne payera d’ailleurs jamais. En 2007 Les Quilmes décident de bloquer l’accès à la cité, et de déloger l’entrepreneur pour finalement récupérer leur terre une année plus tard. Aujourd’hui, ce sont les descendants de la communauté Quilmes qui exploitent le site et proposent des visites guidées.   

11e étape :

Trois portions de route magnifiques

AAprès la visite historique des ruines de Quilmes, nous continuons notre périple sur la route 40. Après 50km, arrivés à Cafayate nous la quittons une nouvelle fois pour la retrouver un peu plus tard.  

Notre intention étant de rejoindre Salta, accessible uniquement par la route 68 depuis Cafayate, pour louer une voiture et faire un saut au désert chilien d’Atacama (un article arrive bientôt pour vous en parler).    

La Route 68 à travers les spectaculaires Quebrada de las Conchas

La route 68 suit le Rio Concha et traverse la réserve des Quebrada de las Conchas (quebrada signifiant canyon) aussi appelée quebrada de Cafayate. Elle passe à l’intérieur de ce magnifique canyon, aux couleurs rouges et vertes, creusé par l’érosion du fleuve durant des millénaires. Les formations rocheuses ainsi créées sont déroutantes. On fait de nombreux arrêts pour renter dans des failles ou pour prendre de la hauteur et embrasser cette étendue rouge à perte de vue. Le paysage traversé est irréel, et avec ces couleurs ocres, on a l’impression de rouler sur la planète mars. C’est lorsque le soleil se couche que la beauté des lieux atteint son paroxysme. L’horizon s’enflamme alors et se confond avec les roches rouges. Un spectacle naturel et éphémère que l’on contemple à 360 degrés.

 

Le paysage est irréel   

Monter en altitude en suivant la Route 51

Lorsque l’on quitte la ville de Salta (peu interessante hormis les départs d’expéditions pour le Chili ou le salar d’Uyuni, et les agences de location de voitures) on prend la route 51 vers l’ouest jusqu’à San Antonio de los Cobres.

Cette route emprunte à peu de chose près, le même itinéraire que le train des nuages, avec des passages à plus de 4000m d’altitude. C’est une succession de portions asphaltées et de pistes de terre très mal entretenues, mais on se console rapidement grâce aux incroyables paysages de montagnes grises, presque noires. On traverse quelques villages coincés entre les montagnes et de temps à autre des lamas peu farouches nous observent. Lorsqu’on prend le temps de s’arrêter un moment, il n’est pas rare qu’ils viennent jusqu’à notre voiture, certainement habitués à recevoir de la nourriture des touristes de passage…   

Faire du rallye en retrouvant la route 40

Il est possible de continuer la route 51 jusqu’au Chili, et de passer ainsi d’un pays à l’autre. Quelques kilomètres avant le poste de frontière, à San Antonio de los Cobres, nous reprenons la route 40 vers le nord en direction des Salinas Grandes.

Une nouvelle fois on traverse de petits hameaux aux maisons en pisée, habitées par des autochtones. Ici, la route est entièrement en terre et quelques passages sont accidentés. Nous avons bien failli y laisser la voiture embourbée dans une crevasse… Quelques coups d’accélérateur, un peu de fumée sortie du moteur et nous voilà repartis.   

12e étape :

Le désert de sel de Salinas Grandes

Perché à 3 350 m d’altitude, ce désert blanc apparait dans l’horizon tel un mirage. C’est encore un tout nouveau paysage que nous offre la route 40. D’une superficie de 120 km2 le salar s’étend à perte de vue. Seules les montagnes en arrière-plan nous informent de la fin de cette immense étendue de sel. La perspective est faussée, le rapport de distance est complètement tronqué et on ne peut se rendre compte de l’immensité des Salinas Grandes.  

Ici, la fleur de sel est exploitée depuis la nuit des temps. Sans hâte, on observe les camions roulant sur cette croûte de sel de plus de 30 cm et on profite des couleurs turquoise des bassins d’exploitation pour faire de splendides photos. L’endroit est grandiose. 

Après tous ces km parcourus et tant de paysages fascinants rencontré, on arrive encore à être ébahis, comme au premier jour, devant cette merveille de la nature qu’abrite l’Argentine. On réalise la chance que nous avons de visiter cet extraordinaire pays qui recèle tant de merveilles.  

C’est ici que nous quittons définitivement la route 40. Elle continue jusqu’à la frontière bolivienne, mais nous préférons emprunter une parallèle à celle-ci, la route 9, qui traverse de ravissants petits villages juchés dans les montages (on vous en parle au point suivant).  

En reprenant la route en direction du village de Pumamarca on croise par hasard le Paris Dakar ! Défilé de 4×4 et de camions filant à toute allure. On comprend alors qu’on emprunte la même route que les coureurs ! Un moment mémorable.

 

La perspective est faussée, 

Le rapport de distance est complètement tronqué.    

13e étape :

Les ravissants petits villages de Pumamarca, Humahuaca et Iruya

La route 52 qui relie Salinas Grandes à Pumamarca n’a pas fini de vous donner le vertige, Mathieu s’en souvient encore ! Comment la décrire ? C’est un serpentin de bitume long de 28km, avec un dénivelé de 1000 m.  Autant vous dire que cette expérience de conduite procures des petites frayeurs, mais elle s’accompagne de panoramas à couper le souffle. Attention à ne pas quitter la route des yeux trop longtemps, mais arrêtez-vous sur le bas-côté dès que la route le permet pour profiter du paysages. 

Pumamarca

Après cette descente plutôt sportive, une escale dans le petit village de Pumamarca s’impose. Nichées au pied de la montagne aux sept couleurs, les habitations du village se fondent dans le paysage. Son nom Pumamarca (signifiant « ville de la Terre Vierge ») prend tout son sens, tant ce hameau se fait discret au milieu des quebradas. La couleur rouge est prédominante, néanmoins les montagnes se parent de plusieurs autres teintes comme si un peintre était venu les colorier au pinceau.  

Humahuaca

On rejoint ensuite la petite ville d’Humahuaca pour y passer la nuit. Le centre est très agréable, on prend plaisir à flâner dans les ruelles pavées. On en profite pour se ravitailler au marché local regroupé dans une halle. On y trouve de tout, ce qui nous permet de passer une agréable soirée. Ça nous fait du bien de retrouver un peu d’animation après tous ces kilomètres de routes désertiques.  

La ville n’est pas bien grande. En quelques minutes, nous retrouvons à nouveau, une nature sauvage.

Iruya

Tôt le matin, on prend la direction du village d’Iruya. Pour le rejoindre, il faut parcourir 48 km de piste durant plus de 2 heures. Une expédition qui nous fait traverser la spectaculaire Quebrada de Humahuaca. Un trajet indescriptible, ponctué de nombreux points de vue. 

 

Après un parcours sur des routes difficiles, on perçoit enfin le village. Iruya est littéralement accroché à la montagne. De loin, la petite église d’un jaune vif se dresse sur la colline. Entourée par des  habitations pittoresques, le village nous invite à une balade dans ses charmantes ruelles. On perd toute notion du temps, on est complètement déconnectés, l’ambiance y est reposante et les petits restaurants nous incitent à rester encore quelques heures. On y mangera même un délicieux plat à la viande de lama ! L’Architecture du village est de type colonial, avec une alternance de maisons en pierre et en pisé. On apprécie particulièrement les couleurs vives qui recouvrent les murs du village. 

Un conseil, si vous n’avez pas prévu de passer la nuit à Iruya, il faut partir bien avant la tombée de la nuit, car la seule option est de faire l’aller-retour par la même route et donc compter 2 bonnes heures. Sinon, une possibilité est de dormir dans un camping en contrebas du village. 

Un moment très agréable qui marque la fin de notre road trip sur la route 40 argentine. Notre itinéraire se poursuit en direction des chutes d’Iguaçu par la traversée du Grand Nord argentin. On vous détaille tout cela dans un prochain article ! 

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3 Commentaires

  1. Delphine dit :

    C’est magnifique merci de nous faire rêver

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