
C’est en Arizona, entre la ville de Phoenix et les montagnes de couleur ocre caractéristiques de la région que l’architecte américain Frank Lloyd Wright choisit de construire en 1938 un lieu unique en son genre, où se mêlent atelier d’architecture, centre de séminaires, et maison d’hiver.
Architecte star de son époque, Frank Lloyd Wright est notamment connu pour avoir réalisé le musée Guggenheim de New-York. Tout au long de sa carrière il dessine une quantité de projets résolument modernistes concentrés principalement aux Etats-Unis.
Notre voyage dans l’ouest américain est l’occasion de partir sur les traces des nombreuses réalisations du maitre américain de l’architecture moderne. Parmi ces visites, on veut s’arrêter un instant pour vous présenter l’œuvre la plus fascinante de ce parcours architectural : Taliesin West.
Pensée pour devenir la maison d’hiver de la famille de Wright, elle jouit d’une localisation singulière choisie avec soin par l’architecte au milieu du désert d’Arizona. Le climat y est chaud et sec, ce qui influence énormément ses choix architecturaux.
L’architecte étant son propre client, Wright a ainsi pu matérialiser sans contrainte ses préceptes et créer une œuvre à l’image de ses idéologies.
Y séjournant la moitié de l’années, il conçoit Taliesin West non seulement comme une maison secondaire, mais aussi comme un atelier de création. L’ensemble est même pensé comme un centre de workshop pouvant accueillir une petite colonie d’étudiants utopistes. Tout est fait pour favoriser le foisonnement des idées. On y trouve ainsi des ateliers, un théâtre, des résidences pour les apprentis, des espaces de rencontres et même une salle de musique. C’est un vrai incubateur d’idées et de créations !
Dès notre arrivée sur le site on est frappé par la complexité des géométries utilisées. Les éléments communs d’architecture sont chaque fois réinterprétés.
On en perd nos repères.
Le plus impressionnant est la charpente de la toiture à la fois structure et ornement, elle ne semble pas avoir de limite. Elle ressort du volume et va jusqu’à frôler le sol extérieur. Les murs semblent être uniquement faits de grosses pierres aux couleurs du désert alentour donnant la sensation d’une construction creusée dans la roche.
On est loin, très loin, de la typique villa américaine.
C’est sur cette forte première impression, un peu déboussolés, qu’on se laisse guider vers la visite des extérieurs. On est alors tout de suite plongés dans l’ambiance des lieux. Il fait très chaud et la lumière du soleil est aveuglante. On apprécie l’ombre des nombreuses pergolas, les débords de toitures et la fraicheur émanant des bassins d’eau le long du parcours.
C’est en pénétrant à l’intérieur que l’on comprend l’utilité des épais murs à la finition grossière, faits entièrement d’imposantes pierres colorées. Ils jouent le rôle d’isolant naturel et contribuent à conserver la fraicheur des espaces intérieurs. Les caractéristiques du désert sont intelligemment prises en compte pour permettre la création d’espaces frais, chaleureux tout en restant étonaemment lumineux. Les panneaux de la toiture y participent grandement. Ceux-ci nous rappellent les panneaux japonais, filtrant la lumière, leur délicatesse contraste d’ailleurs avec la massivité des murs en pierre
Chaque élément de mobilier a été dessiné pour cette architecture. Ils forment un tout et participent à rendre chaque espace unique.
Tout le long de la visite on est intrigués par la présence de vases ici et là, mais quand on s’y intéresse de plus près leurs positions nous semble très bien réfléchie. On apprendra par après que Wright avait une passion ou plutôt une obsession pour le vase. Pour lui, cet objet mettait en exergue la première réalité de l’architecture : l’importance de “l’espace intérieur”.
En continuant la visite, on perd peu à peu la notion de limite entre intérieur et extérieur. On passe naturellement d’une pièce à l’autre par des chemins extérieurs toujours couverts pour se protéger du soleil. Certaines pièces peuvent même s’ouvrir entièrement sur le jardin. Les limites sont constamment remises en question et le visiteur ne cesse d’être bousculé dans ses habitudes. C’est là que réside toute l’ingéniosité du plan dessiné par Wright.
